L’obsession de tous les producteurs de contenus qui déversent chaque jour dans l’interweb leurs flux continus de bits au gré des marées du buzz et des trompettes de la renommée (Georges si tu m’entends) a toujours été, et restera ad vitam, d’être consommés par le plus grand nombre. C’est viscéral, quasi christique. La pire chose [...]
L’obsession de tous les producteurs de contenus qui déversent chaque jour dans l’interweb leurs flux continus de bits au gré des marées du buzz et des trompettes de la renommée (Georges si tu m’entends) a toujours été, et restera ad vitam, d’être consommés par le plus grand nombre. C’est viscéral, quasi christique. La pire chose qui puisse arriver aujourd’hui à un bloggeur, un veilleur, un facebookeur ou à un média est de ne pas exister sur le web. To be numeric or to be rien du tout.
Ayant obtenu sans trop de difficulté son brevet “Publication automatique via RSS”, le Producteur a très vite compris qu’en un seul clic, il pouvait inonder de sa prose tous les services dont
Techcrunch,
ReadWriteWeb,
Mashable et consorts lui vantent les mérites. Alerter la Terre entière de son existence fait partie de la jouissance que procure cette activité, à défaut de lui procurer la moindre rentabilité.
Cette étape obligatoire franchie, et ayant bien suivi les cours de
Seth Godin,
Tim O’Reilly,
Jeff Jarvis et consorts, le Producteur s’est ensuite penché sur la valorisation du feedback que ses consommateurs adorés lui renvoyaient, afin d’améliorer sa prose ou la qualité de l’emballage de ses T-shirst fashion payés par Paypal et envoyés par FedEx.
Et c’est là que les Roumains du web s’empoignèrent…
Publier le même article sur 8.012 services, c’est ouvrir la porte à 8.012 conversations potentiellement enrichissantes, mais à tous les coups chronophages. Le bénéfice d’une large diffusion de l’information se trouve donc réduit à néant par l’obligation d’assurer “un service après-vente” titanesque, pour tout dire techniquement impossible et humainement franchement casse-couilles.
Comment faire ? Quel équilibre trouver entre une multi-présence efficacement distribuée et une monitoring éclairé des conversations éclatées suscitées par celle-ci ? Peut-on dans ce cas-là encore parler de conversation ? Et, franchement, à part les frappadingues qui passent leur vie à bookmarquer des liens, à deliciouser des extraits, à twitter des saillies longitudinales et à flickeriser le graphe Trucmuche ou le logo Machin, ça intéresse qui ?
Si je voulais être cohérent avec moi-même, je m’auto-flagellerais avec la prise usb de mon iPhone. Mais ce n’est pas mon genre :-)
La vraie bonne question, me semble-t-il,
n’est pas de savoir s’il
faut utiliser
FriendFeed ou non, si
Backtype Connect,
ECHO ou
Google Wave constituent les enièmes Killer Ap qui vont déchirer leur race et rendre riches et célèbres les 15 pc d’utilisateurs qui génèrent 95 pc du bruit de l’interweb actuel, mais bien de savoir où et comment chaque internaute va bien pouvoir conserver une trace pérenne et homogène de toute son activité en ligne.
Ca vous paraît absurde ? Tant mieux, vous pouvez arrêter ici la lecture de ce billet. Merci d’être venu et à bientôt quand même, j’espère.
Je continue et j’explique pour les autres.
Je veux pouvoir me justifier de mes actes, assumer mes propos et défendre mes opinions sur base des “originaux, certifiés conformes” et pas sur ceux qu’un troll aurait déformé en le retwittant à l’envers. Il n’y a pas de “notaires du web” et la cache de Google est trop perverse pour pouvoir lui faire confiance à priori. Ne parlons même pas de Facebook et de ses CGU qui vous privent de vos archives à titre personnel. Ok pour être une source, mais potable de préférence. JSi j ne peux et ne veux surtout pas contrôler l’usage qui est fait des contenus que je distribue, je veux par contre toujours rester maître de ce que je mets en ligne. Et y faire référence devant un juge le cas échéant.
J’aimerais aussi, lorsque je serai vieux et grabataire, seul dans ma maison de retraite full domotisée, pouvoir relire le paquet de conneries que j’ai pu raconter à 30 ans et me fendre la gueule en revivant les discussions qui y étaient associées sans avoir dû niquer 100.000 arbres pour imprimer le tout dans des classeurs à crochets. Vouloir archiver les meilleures palabres que j’ai tenues dans mon café du commerce ne me paraît pas une hérésie, même si je me rends bien compte des Tera de données que cela représente (et que même pour “MA” musique, le stockage des mp3
devient inutile)
En fait, je veux surtout pouvoir m’affranchir de ce risque non nul (et c’est un euphémisme) de voire cette mémoire effacée à jamais parce qu’un gus
a merdé l’update de sa DB, parce qu’il y a 99 pc de chances que les services que j’utilise aujourd’hui n’existeront plus quand je m’acheterai mon premier Segway Senior Edition et que mes employeurs successifs auront décidé
de purger leurs serveurs de leur “vieux “articles.”Les cimetières sont remplis de gens irremplaçables”, a-t-on coutume de dire, mais qu’en sera-t-il de nos avatars ?
Comme nos grands-mères nous ont transmis des boites à chaussures remplies de lettres manuscrites et d’albums photos jaunies, j’aimerais que mes enfants, mes petits-enfants et mes arrières petits-enfants puissent un jour hériter de ma mémoire numérique, leur léguer le disque dur de mon histoire, qu’ils puissent s’y plonger et en ressortir la vidéo, l’article, le commentaire ou la photo qui leur permettra de comprendre de quoi étaient faites les journées de leur paternel au tout début de ce 21ème Siècle ….
Et vous, la pérennité de votre activité en ligne vous préoccupe-t-elle aussi ou bien vous en foutez-vous comme de votre premier poke ? Si ce n’est pas le cas, auriez-vous la gentillesse de partager avec moi les outils que vous utilisez pour la préserver et la conserver accessible à long terme ?
Billet initialement publié sur Blogging The News
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