L’allocation universelle, piste inexplorée pour l’égalité des chances

Le 8 février 2011

Déjà théorisé au XVIIIe siècle, le principe d'un revenu égal pour chacun (l'allocation universelle) peine à s'imposer dans le débat politique alors qu'elle pourrait constituer une réponse aux problématiques actuelles du chômage et de l'exclusion.

Le revenu de vie, c’est une allocation universelle, d’un montant égal, versée à tout le monde, riches, moins riches, pauvres, très pauvres, de la naissance à la mort, indexée sur la richesse du pays. Ce processus à mettre en route est nécessaire pour passer en douceur les changements en cours. Non, c’est nécessaire, pour être enfin acteurs des changements obligatoires qui sont en cours. Si nous ne voulons pas subir, mais déployer tout notre potentiel d’acteurs, il est temps que les citoyens s’emparent de ce projet.  

Le revenu de base a été pensé dès le 18ème siècle, même si on en retrouve des traces bien avant. Mais c’est surtout au 20ème siècle que des économistes théorisent le concept. La machine ayant remplacé tellement d’ouvriers et la production étant devenue si abondante, il était évident que cette idée refasse surface. Qu’allait-on faire des pauvres et des sans emplois ? On pouvait déjà discerner le piège qu’allaient devenir les aides octroyées aux plus démunis, engendrant l’assistanat et la trappe à pauvreté.

A court d’idée dans une économie à bout de souffle

Aujourd’hui, en Allemagne, en Suisse, en Namibie, en Amérique Centrale, au Brésil, et dans de nombreux pays, des gens de tous bords réfléchissent ensemble à comment mettre en œuvre cette allocation. Des expérimentations sont en cours. En France, nous y réfléchissons aussi. Même si c’est encore passé sous silence dans de nombreux partis politiques, ils l’ont presque tous dans les cartons. Et pourquoi donc ? Parce qu’ils savent que ce sera une des solutions primordiales quand il n’y aura plus d’autre solution. Et pourquoi ils ne le font pas avant ? Parce qu’ils ont peur ?… Oui, c’est ce que nous pouvons croire : peur, car il faut faire un énorme effort de pédagogie pour rallier les citoyens à cette nouvelle façon de concevoir le revenu, et là, ce n’est pas très bon pour les élections, où, croient-ils encore, il faut, pour ramasser des voix, plaire à l’idiot peuple.

Les changements sont inéluctables. Nos modes de vie, notre économie, tout est à bout de souffle. Tout le monde le dit, le répète, le redit, nous le savons tous maintenant ou alors faut-il vraiment être aveuglé, complètement sourd et exsangue du neurone. Il est vrai que certains économistes, certains écologistes, certains penseurs ne sont pas invités sur les plateaux télé, mais tout de même … Qui ne sait pas que si on continue comme ça, on va droit vers une vie pas rigolote du tout pour un très très grand nombre de gens… Et c’est déjà le cas depuis pas mal de temps, on s’en rend compte maintenant, c’est déjà bien. Nous avons encore un laps de temps dont il faut profiter, maintenant, pas demain !

Il y a énormément de choses à changer, tant d’aspects de nos vies, car tout est imbriqué et nous nous sentons souvent bien impuissants. Pour le moment, la majorité de « nos politiques » font la sourde oreille, font comme si les vieilles méthodes allaient apporter des solutions à des problèmes nouveaux. Ils nous rabâchent comme credo le plein emploi et la croissance, « nous allons réduire le chômage » et bla bla bla … on connait la chanson. Ce n’est pas à coup d’emplois jeunes, d’emplois seniors, de RSA, de pansement sur l’emploi, emploi qui ne peut plus exister pour tous et/ou convenablement pour tous, que ça va s’arranger. Notre système actuel est mort et nous mourrons avec, soit sans emploi, soit avec un emploi précaire, ou un emploi détestable … sauf pour certains « chanceux » … mais même pour un chanceux tout seul, cela va devenir difficile…

Dissocier le revenu du travail, pas facile mais nécessaire

Pour appliquer de nouveaux remèdes à des problèmes nouveaux, il faut faire un saut dans ses méninges, sortir du cadre, sortir du bocal, d’ailleurs le verre du bocal est tellement sale qu’on n’y voit plus rien. Il faut déjà nettoyer et ensuite sauter hors du bocal. Avouons, oui, avouons donc que le rêve du plein emploi salarié est fini, terminé, plié, on oublie. Le chômage est structurel et fait parti de ce système moribond. Avouons, donc, oui, avouons, que ce n’est pas la faute du méchant chômeur, du méchant « RSAïste », le méchant qui ne veut pas travailler, qui coûte des sous à la collectivité, à ceux qui se lèvent plus tôt le matin pour travailler plus, pour gagner plus, pour faire augmenter le PIB, pour faire tourner notre fabuleux système. Non mais, peut-on encore y croire ? Pouvons-nous vraiment adhérer à cette vision de la société ? Non, plus aujourd’hui. Non, ce n’est vraiment pas comme cela que ça se passe, nous pouvons en être sûrs : il n’y a pas 4 millions de chômeurs méchants fainéants, non, non, nous ne pouvons plus croire à ces fariboles.

Il est donc urgent de faire un saut dans nos têtes, de dissocier le revenu de l’emploi. Aïe, pas simple, mais nécessaire. Retirons le grand voile d’illusion, cette idéologie inculquée depuis fort longtemps qui consiste à penser que, hors du travail, point de salut. Essuyons la sueur de nos fronts. Notre pain quotidien, nous pouvons tous en profiter, avec la richesse que nous produisons et que nous continuerons à produire. C’est juste que la richesse n’est pas partagée, c’est tout. La richesse, elle y est, et oui. Quoi ? On ne nous l’avait pas dit ?

Nous croyons qu’il n’y a pas assez d’argent pour donner un revenu à tout le monde qui subvienne à nos besoins primordiaux. Mais non, pas du tout, l’argent est là.

Satisfaire les besoins primaires avec un revenu suffisant

Nous héritons de la richesse créée par la nation, et le fruit de nos travaux continuera à alimenter le financement du revenu de vie. Quoi, nous allons arrêter de travailler parce que nous avons un revenu de base ? Mais, non, voyons, bien au contraire, un revenu de base décuplera nos envies et notre enthousiasme pour créer et penser une société plus égalitaire et viable à long terme. Nous allons avoir besoin de la force et de l’intelligence de chacun pour effectuer les changements utiles à tous. Le revenu de vie nous donne cette occasion unique de (re)trouver notre capacité d’acteur, chacun dans ses compétences, dans ses envies. Et pour les métiers les plus durs, ingrats, ils pourront n’être effectués que quelques heures par semaine … Mais qui va faire le sale boulot, ben oui, qui ? Si c’est convenablement rémunéré, réfléchissons, qui ? Tous ceux qui auront envie de gagner un peu plus de pouvoir d’échange commercial ou bien tous ceux qui jugeront que c’est utile, nécessaire.

Nous n’avons pas encore toutes les réponses aux questions que soulève et soulèvera le revenu de vie. C’est en le testant, en le mettant en application, que nous pourrons ajuster, et résoudre éventuellement des problèmes nouveaux.
L’important, quand le revenu de vie sortira de l’ombre -et il verra le jour, c’est que nous, citoyens, contrôlions sa mise en œuvre. Le plus grand danger serait de donner un revenu insuffisant aux besoins primordiaux. Dans ce cas là, ce serait plus déstabilisateur qu’autre chose. Il est possible de concevoir une mise en route progressive, mais attention, le revenu devra atteindre rapidement une somme suffisante pour se nourrir, se loger et se chauffer. Ce n’est qu’à cette condition, que nous aurons le pouvoir de notre émancipation. Ce n’est qu’à cette condition, que chacun relèvera la tête pour être acteur de sa vie et acteur de la société qu’il contribue à créer.

Si vous êtes interpellés par cette proposition, voici une série de liens pour approfondir, vous verrez que de plus en plus de gens se mobilisent pour faire passer ce message plein d’espoir. Plus nous serons nombreux à nous emparer de cette solution, à la divulguer, à en parler à notre entourage, plus nous pourrons faire pression sur nos gouvernements pour qu’ils l’instaurent.

Et n’oubliez pas, d’aller signer la pétition, c’est par là …

Liens
Allocation Universelle sur Wikipédia
Un bon article récent de Frédéric Bosqué avec une multitude de liens à explorer à la fin (Agoravox)

Articles, vidéos, tweets
Paper.li Revenu de vie
Dossier sur Scoot.it
Groupe Facebook
Recherche Twitter Revenudevie

Si vous souhaitez en savoir plus sur « notre profession de foi », les sujets abordés, cliquez-ici

Billet publié initialement sur IZine sous le titre Revenu de vie, soyons acteur du changement

Illustration Flickr CC Eworm ; TheGiantVermin ; Dennis Wilkinson.

Laisser un commentaire

Derniers articles publiés