NKM de retour de SF
C’est en passe de devenir une coutume, après chaque voyage d’étude à l’étranger, NKM réuni une sélection de bloggeurs pour leur faire part de ses impressions… De retour des Etats-Unis, ses constats étaient multiples : doutes affichés sur la continuité entre le mouvement greentech naissant et un mouvement ‘web2’ déjà pérenne, « guerre » opposant les [...]
C’est en passe de devenir une coutume, après chaque voyage d’étude à l’étranger, NKM réuni une sélection de bloggeurs pour leur faire part de ses impressions…
De retour des Etats-Unis, ses constats étaient multiples : doutes affichés sur la continuité entre le mouvement greentech naissant et un mouvement ‘web2’ déjà pérenne, « guerre » opposant les ‘non profit’ (Internet Archive, Mozilla…) aux logiques fermés (Apple) avec, au milieu, le gros des troupes (Google & co), et gap culturel concernant la gestion et la monétisation de l’identité (Facebook, Google…).
Diantre…
Commençons par le commencement. Il est de coutume, de l’autre coté de l’Atlantique, de considérer le mouvement greentech comme étant dans la continuité du mouvement web 2.0, ce à quoi notre secrétaire d’état à l’économie numérique oppose un modèle économique radicalement différent entre l’innovation web – qui peut démarrer avec peu de ressources financières -, et l’innovation verte, qui a besoin de capitaux énormes pour émerger.
Certes, d’un point de vue économique, cela n’a pas grand chose à voir… Aucune continuité à trouver là dedans…
Et si il existait autre chose que l’économie dans la vie ?
Certes, l’économie est le sujet de préoccupation du moment, certes, le titre même de NKM la confine à cette problématique, mais nous savons de source sûre (on est super bien renseignés) que si le numérique n’est pas nécessairement la tasse de thé de la ministre, l’écologie l’est sans conteste. Alors pourquoi ne pas poser le petit bout de la lorgnette économique et se doter d’une vision… plus… verte ?
Reprenons : si le rapport entre l’écologie et le web 2.0 n’est pas économique, en quoi le web 2.0 peut il aider la planète ? La réponse montre à quel point il reste un immense chemin à  parcourir avant que les dirigeants de notre beau pays réalisent ce qu’est réellement le numérique. Son potentiel, au delà de l’économique, en terme de social et de culturel.
L’économique et l’écologique sont parfaitement incompatibles. Pour ménager l’un, il faut faire des compromis avec l’autre, et réciproquement. C’est un enjeu majeur pour demain, et vu la puissance de l’économique, autant dire que ce n’est pas gagné.
Le web 2.0, lui, n’est pas qu’économique. Ce n’est pas le web 1.0. : derrière le web de ces dernières années se sont affirmés des valeurs fortes, qui prévalent, aux yeux de leurs défenseurs, sur l’économique, tout comme les valeurs des écologistes prévalent sur l’économique aux yeux des « Verts ». Ces valeurs, ce sont celles du « Libre ».
Qu’elles s’expriment dans leur forme la plus originelle comme l’open source, ou dans des formes plus récentes, comme la « Culture Libre », il s’agit bien de la même chose. Collaboration, partage, communautarisme, échanges, construction collective… si on regarde ces valeurs de plus près, force est de reconnaitre qu’elles sont parfaitement compatibles avec celles de l’écologie. Nul besoin de faire le moindre compromis, d’un coté comme de l’autre.
Cette continuité, cette compatibilité philosophique et politique entre « Libre » et écologique, Al Gore l’a bien perçue, lui qui a un pied dans les deux courants de pensés. Lors du dernier Web2summit l’an dernier, il proposait d’ailleurs, devant une foule de geeks enthousiastes, de mettre le web 2.0 au service de l’écologie. (regardez cette vidéo (lien) jusqu’à la fin, soit un gros quart d’heure, si vous souhaitez voir cela en détail)
Le Libre en guerre ?
Rebondissons sur le second souvenir rapporté par NKM à son retour de SF et NY (et DC), celui d’une « guerre » (selon les mots du patron d’Internet Archives) entre trois mondes : celui du « non profit », celui des mondes fermés à la Apple, et un troisième belligérant, situé entre les deux premiers.
Notez au passage que cette vision est avant tout celle du fondateur d’Internet Archives, et n’est donc pas particulièrement objective. Ceci dit, elle n’est pas totalement fausse non plus, à condition de nuancer quelque peu…
Il n’y a pas de frontières
Ces trois mondes ont des frontières floues, sans cesse changeantes, et leurs acteurs jouent la plupart du temps sur plusieurs tableaux. Internet Archives est certes un pure « non profit », mais que dire d’un Wordpress, champion du logiciel Libre, mais néanmoins société capitaliste valorisée plusieurs centaines de millions de dollars, faisant profits et acquisitions, et dont une partie significative de la « main d’oeuvre » travaille de façon bénévole ? Voir même d’un Apple dont le système d’exploitation est basé sur un Unix libre…
Il existe dans l’univers du numérique de plus en plus de projets hybrides, à cheval sur deux de ces univers, voir puisant dans les trois. La guerre ressemble, en réalité, plus à un rééquilibrage qu’à une volonté farouche d’une des parties de gagner sur les autres. Et pour cause : sans logiciels libres, pas d’OS pour Apple ou Google. Sans recherche de profits, pas de Wordpress en open source. Tous ou presque ont besoin du camp adverse pour exister, et tous se retrouveraient dans une situation critique en cas de disparition de leur supposés adversaires.
Bien sûr, il y a des « pure players », refusant résolument tout compromis, et servant bien souvent de point de référence pour l’ensemble des parties (Wikipedia, Internet Archives ou Microsoft), mais ce ne sont, au final, que des exceptions, des phares dans la brume d’une « nouvelle économie » qui, contrairement à l’ancienne, se recompose, et trouve de nouveaux équilibres.
Au final, point de guerre à l’horizon.
S’il y a une guerre dans laquelle le Libre est impliqué, c’est bien celle des libertés numériques, ce qui nous renvoi, une fois de plus, à une problématique très franchouillarde.
Identités à vendre ?
Pour finir, les américains, semble-t-il, sont prêt à vendre leur identité pour pas grand chose. Les Français, semble-t-il, non.
Ce constat fait par NKM semble être confirmé par l’extrême difficulté à faire passer une loi destinée à surveiller, espionner, pister et censurer l’internet Français. Comme quoi, plutôt que de demander à la ministre de la Culture, demander conseil à NKM aurait peut être pu éviter de cruelles et humiliantes déconvenues au gouvernement.
La véritable question n’est elle pas de savoir qui va défendre cette identité et les droits fondamentaux qui l’accompagne, dans l’univers du numérique ?
La France ?
De toute évidences, la France s’en fout totalement. C’est le parlement Européen qui enquête en ce moment même sur les limites à imposer aux publicitaires et à leurs outils de ciblage comportemental, et c’est encore le parlement Européen qui met des bâtons dans les roues d’Hadopi (et demain de Lopsi), considéré par beaucoup comme une violation de libertés fondamentales.
Conclusion ?
Le 7 juin prochain, votez.
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