OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Au pied de La Défense, le terrain stratégique de l’EPAD est un terrain vague http://owni.fr/2009/10/29/au-pied-de-la-defense-l%e2%80%99epad-est-un-terrain-vague-ou-jean-sarkozy-seclate/ http://owni.fr/2009/10/29/au-pied-de-la-defense-l%e2%80%99epad-est-un-terrain-vague-ou-jean-sarkozy-seclate/#comments Thu, 29 Oct 2009 10:00:44 +0000 Olivier Zilbertin http://owni.fr/?p=5016 Je vous propose une petite visite guidée, dans un endroit tout à fait inattendu de la banlieue parisienne. L’entrée n’est pas facile à trouver: il faut passer par un grillage découpé, sous l’immense viaduc en béton du RER A. Voici l’entrée (en cliquant sur l’image vous pouvez la voir en grand):

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Ensuite, il faut emprunter ce qui ressemble à une ancienne sortie de voie rapide désaffectée et gagnée par les herbes folles:
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Puis il faut prendre des chemins mal tracés, à travers la végétation sauvage et désordonnée. Comme ici :

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Faisons une petite halte. Nous venons donc d’entrer par une porte dérobée sur une parcelle des 230 hectares que convoite l’Epad, l’Etablissement public d’aménagement de la Défense. 230 hectares de terrains vagues, au pied du plus grand quartier d’affaire d’Europe.qui s’étend lui sur 160 hectares. 230 hectares de boue, de poussière, de cailloux et de végétation anarchique qui semblent narguer les tours de la Défense, les centres commerciaux aux enseignes prestigieuses, les hôtels quatre étoiles et les centre de conférence, les sièges sociaux ultramodernes des plus grandes entreprises de France et d’ailleurs, les sociétés d’assurance et les salles de marché. Sur la photo ci-dessus, au-delà des feuilles et des branches, on voit la Grande Arche, et sur la droite, la préfecture des Hauts-de-Seine.
Un terrain vague où la nature a pris ses aises, entre deux voies ferrées, au croisement bétonné de l’A14 et de l’A86.
Il faut noter de surcroit que ces 230 hectares se situent sur le territoire de la ville de Nanterre, ville communiste… Comme une vieille dame rouge et indigne qui s’amuse encore et toujours à faire un bras d’honneur aux tours géantes de la Société Générale. A croire que l’insolence pousse ici comme les mauvaises herbes : il suffit de tourner les talons, pour apercevoir les logements de la Garde Républicaine qui veillent au garde-à-vous sur le grand terrain désordonné et rebelle:

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Reprenons notre promenade. Si l’on avance un peu plus à travers ce champs abandonné, on peut certain jour y croiser Roberto. Roberto vit là, sous les fenêtres de la Garde Républicaine. Il n’a pas de chance Roberto. Pensez : il a vécu 40 ans en Hongrie , a fuit le communisme, et finalement il se retrouve là, en pleine banlieue rouge !… C’est vraiment pas de bol:

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On peut aussi y croiser Roger Des Prés, qui connait les lieux comme personne, chaque fleur, chaque ronce, et qui organise à l’occasion quelques visites guidées du terrain avant un thé à la menthe sous les arbres.

Il faudrait des heures pour parler de Roger des Prés et de sa Ferme du Bonheur. La Ferme du bonheur, c’est un lieu très singulier, qui squatte déjà plus ou moins légalement selon les époques, un hectare et demi de cette friche qui nargue l’Epad, à deux pas de l’école du cirque On y élève chevaux et volailles. Chats, chiens et parfois hommes perdus peuvent y trouver refuge. On y fait pousser des légumes, de la poésie, de la musique, et du théâtre. On y boit du thé ou du café. L’été on peut s’y prélasser après une séance de hammam traditionnel. On y pratique, en résumé, un art rare, l’ « agro-poésie », selon l’expression de Roger des Prés.
Il semble que dans le futur aménagement du terrain vague, Roger Des Prés ait obtenu l’assurance de pouvoir étendre sa ferme du bonheur sur 30 hectares ! Le projet s’appelle le PRE -  Parc Rural Expérimental – et comprend un terrain de production agricole traditionelle, un théâtre, des écuries, des ateliers traditionnels eux aussi, des bains publics…
La Ferme du bonheur a en tout cas déjà commencé à défricher le terrain et à planter ses premiers arbres, ses premières courgettes, son premier mais. En échange d ‘un peu de mobilier venu de la ferme du bonheur, Roberto, le Hongrois qui fuit le communisme, surveille ce jardin inattendu…

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Voilà pour cette petite visite. 320 hectares de terre en friche, à deux stations de RER des Champs-Elysées, à quelques encablures du plus grand centre d’affaire européen et de la Grande Arche, au croisement de l’A14 et de l’A86, sous les fenêtre de la préfecture et de l’hôtel du département, cela, on l’imagine, ne peut que stimuler l’imagination féconde des promoteurs immobiliers qui manquent cruellement de place aux porte de Paris pour exprimer pleinement leur créativité. Que fera l’Epad de ce terrain vague ? D’après vous ?

» Article initialement publié sur blogoz.fr

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Délation et népotisme pour ferment de la nation http://owni.fr/2009/10/12/delation-et-nepotisme-pour-ferment-de-la-nation/ http://owni.fr/2009/10/12/delation-et-nepotisme-pour-ferment-de-la-nation/#comments Mon, 12 Oct 2009 16:24:03 +0000 JBB (Article XI) http://owni.fr/?p=4533 A la Société générale ou à l’Epad, un même poids de l’état civil : délation et népotisme pour ferment de la nation

L’un monte au firmament, l’autre s’envole pour des terres dites natales. Il est peu à voir entre les destin de Jean S., patron confirmé des Hauts-de-Seine, et de Yaro S., sans-papier qui doit son interpellation dans le même département à un guichetier de la Société Générale. Juste : tous deux jouent leur destin sur leur état civil ; et cela dit beaucoup sur la déliquescence de notre société.

« Que va t-il se passer, avec ce pétainisme soft ? On va commencer par verrouiller la protection des fortunes et de leur transmission héréditaire (…). Après quelques ronds de jambe estivaux et effets de manche en direction des débris de la gauche, s’ouvrira une guerre, insidieuse et féroce, contre le peuple, et particulièrement contre les familles et les gens les plus exposés. Que le peuple se tienne tranquille, à sa place. Que chacun mérite la place qu’il a. L’apologie du mérite, c’est ça et rien d’autre : chacun n’a que ce qu’il mérite, s’il est là, au fond du trou, c’est qu’il mérite d’être là. »

Alain Badiou, De quoi Sarkozy est-il le nom ?

Il en est dans les Hauts-de-Seine (92) comme partout : tous les états civils ne se valent pas.

Et si certains constituent le plus joli des viatiques vers un avenir meilleur (loin vers le sommet), d’autres ne permettent rien d’autre qu’un voyage express pour l’ailleurs (loin, tout court).

Normal.

Et il faudrait être bien mal inspiré – ou de très mauvaise foi – pour rapprocher l’ascension fulgurante dans le neuf-deux de Jean Sarkozy, très prochain dirigeant de l’établissement public gérant le quartier d’affaire de la Défense (Epad), de l’expulsion non moins fulgurante de ce clandestin aussi interpellé dans le neuf-deux, grâce à la “présence d’esprit” d’un guichetier.

Rien ne réunit, à l’évidence, ces personnages.

Si ce n’est de jouer tous deux leur destin sur leur état civil.
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Le premier a beau s’en défendre« Je demande à être jugé non pas sur l’état civil mais sur les actes et sur les résultats » – , nul (sinon à l’Elysée) n’oserait prétendre que c’est à autre chose qu’à sa naissance qu’il doit son si remarquable parcours.

Le second n’a pas pu se défendre – ou si peu, puisque Le Monde souligne que son avocat n’a même « pas fait valoir (au tribunal) l’irrégularité des conditions de son interpellation » – quand un guichetier de La Société Générale a pris sur lui d’appeler la police et de faire fermer la banque en s’apercevant que l’homme lui faisant face n’avait pas d état civil acceptable, puisque porteur de faux papiers.
Je ne sais lequel me dégoûte le plus, du prince héritier prêt à croquer sans scrupules dans le gâteau que lui tend gentiment le paternel, ou du guichetier assez pitoyable pour encager un homme libre et le regarder s’affoler en attendant l’arrivée des forces de l’ordre.

Mais il me semble – par contre – que ce sont là deux facettes d’une même médaille, triste esprit des temps et mise à bas des dernières parcelles du pseudo idéal républicain, celui qui a chanté si fort l’égalité et la fraternité que ce refrain à tue-tête est devenu le meilleur moyen de couvrir les cris des miséreux et les plaintes des exclus.

Népotisme et délation vont de pairs, en somme, et d’autant mieux que les deux ne sont que fort peu dénoncés en place publique, tellement moins vendeurs qu’un énième rebondissement sur l’affaire-Polanski-devenue-Mitterrand grâce à la trouble intercession de la madone du FN.

Et on lit, relit et scrute continuellement les pages d’un opus sans intérêt signé d’un ministre sans intérêt, mais personne – ou peu s’en faut – ne hurle au scandale parce que le prince héritier, à 23 ans et sans même avoir validé sa deuxième année de droit, accumule les responsabilités.

Et on convoque, reconvoque et auditionne les mêmes témoins et procureurs d’une affaire à parfum de scandale, mais personne – ou peu s’en faut – ne dénonce le retour indigne du régime de vichy, citoyens ayant tellement intégrés les attentes du régime qu’ils font même le travail de police à sa place [1].

Et ce bruit monstrueux d’un côté, ce silence assourdissant de l’autre, montrent suffisamment combien nous perdons chaque jour du terrain.

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C’est tout ?

Presque.

Prends juste acte du changement de nom de cette banque qui s’était audacieusement donnée comme slogan la phrase « On est là pour vous aider ».

Et avoue que son nouveau patronyme ne saurait mieux décrire le monde dans lequel on vit.

L’état civil, quelquefois, est quand même vachement révélateur…


> Article initialement paru sur ArticleXI (bienvenue à eux!)

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