OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 MegaUpload MegaPerdus http://owni.fr/2012/02/03/megaupload-megaesseules-megaperdus/ http://owni.fr/2012/02/03/megaupload-megaesseules-megaperdus/#comments Fri, 03 Feb 2012 12:15:36 +0000 Benoit Le Corre http://owni.fr/?p=96923

Pour la justice américaine, tous les fichiers contenus sur MegaUpload devaient être supprimés ce 2 février. Les enquêteurs ayant copié les documents nécessaires à la procédure, “les sociétés d’hébergement [peuvent] commencer à supprimer le contenu présent sur les serveurs. Cependant, des centaines d’utilisateurs avaient également stocké sur la plate-forme des fichiers légaux. L’avocat de la défense, Ira Rothken, a aussi demandé un report de la date de suppression. Et grappillé deux semaines supplémentaires.

Des serveurs en sursis

Depuis le 20 janvier, les entreprises Carpathia Hosting, Cogent Communication et Leaseweb sont sous le feu des projecteurs. Ces hébergeurs du contenu de MegaUpload reçoivent les demandes des anciens utilisateurs. Chez Carpathia, la requête reçoit mécaniquement la même réponse :

Carpathia Hosting n’a pas et n’a jamais eu accès aux contenus sur les serveurs de MegaUpload et ne peut restituer aucun contenu se trouvant sur serveurs aux clients de MegaUpload (…) Nous recommandons à quiconque croit posséder du contenu sur MegaUpload de contacter MegaUpload.

Malgré son impuissance revendiquée, la société envisage des solutions. Elle s’est récemment associée à l’Electronic frontier fondation (EFF), une organisation non gouvernementale de défense des libertés sur Internet.

Carpathia a même lancé un site web, www.megaretrieval.com, afin de réunir les témoignages des “victimes”. Son objet : “passer en revue toutes les situations partagées entre utilisateurs et, si possible, essayer de résoudre leurs problèmes”. L’EFF, elle, nous indique qu’elle souhaite “rassembler pour l’instant des informations sur les clients innocents de MegaUpload ayant perdu leurs contenus.” Aucune piste n’est privilégiée pour organiser leur récupération : “Il s’agit de mesurer l’ampleur du problème”. Brian Winter, directeur général de Carpathia Hosting, profite de cette tribune pour rassurer les utilisateurs :

Il n’y aura aucune perte de données imminente pour les clients de MegaUpload. Si la situation change, nous publierons un avis au moins sept jours à l’avance, sur notre site www.carpathia.com

Selon le rapport de mise en accusation de la justice américaine mis en ligne dans les premières heures de l’affaire, Carpathia louait plus de 25 peta-octets (soit 25 millions de giga-octets) de capacité de stockage à MegaUpload, répartie sur plus de mille serveurs. En sachant que MegaUpload aurait déboursé plus de 65 millions de dollars à ses hébergeurs depuis 2005, la perte d’un tel client est sans nul doute préjudiciable. MegaUpload, n’étant plus en mesure de les payer, elles ne pourront pas bloquer indéfiniment ces serveurs. Elles devront libérer la place à d’autres entreprises.

Les utilisateurs à l’assaut du FBI

Certains utilisateurs sont plus véhéments. En Espagne, plusieurs centaines d’anciens consommateurs de MegaUpload veulent déposer une plainte collective contre le FBI et la justice américaine. Carlos Sanchez Almeida, avocat basé à Barcelone, explique la démarche :

En accord avec la législation espagnole, les associations de consommateurs ont la légitimité de représenter les intérêts des préjudiciables, dans un cas comme la fermeture de MegaUpload. C’est la procédure la plus appropriée pour satisfaire, en un seul procès, des centaines de milliers de demandes individuelles.

La stratégie est déjà établie. “C’est une affaire de tiers, indique le magistrat. Pendant la procédure, la justice américaine a saisi des biens qui n’appartiennent pas à l’accusé mais à des tiers innocents.” Si les utilisateurs ne peuvent pas récupérer leurs fichiers archivés, il s’agit “d’une violation de la confidentialité”, protégé par le Code pénal espagnol. Les associations d’utilisateurs devraient réclamer une injonction de la part de la justice espagnole, laquelle pourra solliciter une collaboration internationale afin de“récupérer les fichiers archivés”.

MegaUpload à la chaise électrique

MegaUpload à la chaise électrique

Le FBI a ordonné la fermeture de MegaUpload, un réseau de sites longtemps présenté comme l'un des principaux vecteurs du ...

L’Espagne est l’un des centres névralgiques des contestations. Le 25 janvier dernier, le Parti pirate catalan a créé une plateforme où chacun peut “exprimer son intérêt” sur la récupération des fichiers. Cette initiative veut poser les bases de la plainte collective espagnole. Elle est soutenue par plusieurs autres partis pirates. Notamment en France.

L’année dernière, en Espagne, c’est un site de streaming video Roja directa, qui a été victime des autorités américaines. Les douanes ont saisi les noms de domaines afin d’empêcher les internautes d’accéder au site. Aujourd’hui, les tribunaux des deux pays examinent encore sur la légitimité de l’action répressive.

Stopper

De son côté, même s’il dit être en négociation, MegaUpload ne semble pas en mesure de restituer les fichiers. Kim Dotcom comparaissait jeudi [EN] devant le tribunal Néo-Zélandais, où il a expliqué avoir été “frappé au visage et projeté à terre” lors de son interpellation. Fauchée et inculpée par la justice américaine, la plateforme s’implique plus dans la défense de ses intérêts. D’ailleurs, comme le rappelle un juge américaine cité par ecrans.fr :

MegaUpload informait expressément ses utilisateurs qu’ils n’ont aucune propriété sur les fichiers qui se trouvent sur ses serveurs. Ils assument donc le risque de les perdre ou de ne pas pouvoir y accéder, et acceptent que MegaUpload puisse stopper ses activités sans les en informer.

Ou de la nécessité de lire les conditions générales d’utilisation.


Photos par Purplemattfish/Flickr (CC-byncnd) et Richard Clupés/Flickr (CC-byncsa)

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Orange trop susceptible pour la justice http://owni.fr/2012/01/24/orange-mejuge-les-pubs/ http://owni.fr/2012/01/24/orange-mejuge-les-pubs/#comments Tue, 24 Jan 2012 09:47:32 +0000 Benoit Le Corre http://owni.fr/?p=95194
Le Tribunal de commerce de Paris vient de débouter le groupe Orange d’une plainte qu’il avait déposée contre Numericable et l’a condamné à verser 50 000 euros de frais de justice à son concurrent. L’opérateur historique avait assigné Numericable en mars dernier pour diffusion de “publicités trompeuses” et “dénigrantes”. Deux spots TV étaient visés, chacun illustrant un faux congrès d’opérateurs – dont la mise en scène pouvait évoquer l’existence d’une entente entre les géants de la téléphonie mobile.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pratiques douteuses

Orange n’est pas cité une seule fois au cours de la vidéo, qui dure moins de trente secondes et s’inscrit dans le registre de la caricature. Elle ne compare même pas l’offre de Numericable à celles de ses concurrents. Interrogé à ce sujet, le président de l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP), Stéphane Martin, se souvient avoir donné un “avis favorable” à la diffusion de ce spot. Même s’il acquiesce qu’ “une publicité taquinant la concurrence peut amener à différentes formes de réaction”, et donc nécessite un examen plus rigoureux, il n’aurait pas imaginé que celle-ci amènerait Numericable devant le tribunal.

OWNI s’est procuré le jugement rendu vendredi dernier (en intégralité ci-dessous). Les arguments d’Orange s’articulent autour de deux axes. Premièrement, l’opérateur dénonce le “dénigrement” dont il a été victime à travers la diffusion de ces spots. Pour réparer ce préjudice moral, il demande à Numericable de verser un euro symbolique. Deuxième axe, les “pratiques commerciales douteuses” de Numericable. Orange accuse son concurrent de ne pas avoir précisé l’intégralité de son offre mobile “dans des conditions de lisibilité et d’intelligibilité égales” aux siennes. En dédommagement, la société réclame cinq millions d’euros.

Parodie

Selon Édouard Barreiro, de l’Union fédérale des consommateurs Que Choisir, cette action entreprise par Orange est inhabituelle :

Les procédures entre opérateurs impliquant le dénigrement sont assez rares. Ils se dénoncent plutôt sur des closes de contrats et des procédures engageant l’Autorité de la concurrence.

Les magistrats ont débouté les demandes d’Orange une par une. “La publicité incriminée de Numericable est conforme à la jurisprudence […] qui admet largement l’exagération, l’emploi de l’humour et les hyperboles”. L’argument d’Orange sur le dénigrement n’a pas, non plus, résisté à l’examen : “Pour qualifier un dénigrement selon la jurisprudence, encore faut-il qu’un concurrent en particulier soit désigné ou clairement identifiable”. Or, Numericable n’en a désigné aucun.

Comme l’indique le jugement, la vidéo de Numericable est une “parodie faisant intervenir des concurrents n’ayant à l’évidence aucun point commun avec les vrais opérateurs du marché”. D’ailleurs, Orange est le seul à avoir intenté une action en justice. SFR, Bouygues Telecom se sont, eux, abstenus. Contacté dans le cadre de cet article, le groupe Orange nous a indiqué qu’il réfléchissait à l’éventualité de faire appel de ce jugement.

Orange, susceptible sélectif ?

Free frime

Free frime

Un Xavier Niel au bord des larmes, une communauté surexcitée sur Twitter et une couverture médiatique unanime. C’est le ...

Lors du lancement de son offre mobile le 10 janvier dernier, le patron de Free Xavier Niel s’était montré particulièrement virulent à l’encontre des trois opérateurs se partageant jusque là le gâteau du mobile. Dans une vidéo introductive, Free rentrait dans le lard de ses rivaux, évoquant explicitement le “lobbying intense”, la “désinformation”, le travail de “désintox”, les “chausse-trapes” et “peaux de bananes” qui ont jalonné l’entrée de Free dans “l’univers impitoyable du mobile”. Et mettait en doute la fin de l’entente pour laquelle les opérateurs avait été condamnés en 2005 :

[…] les trois grand opérateurs français qui se partagent le pactole du téléphone mobile ont-ils vraiment fait amende honorable ? Rien n’est moins sûr.

Free se moque de ses concurrents montrés comme… par Nouvelobs

Le patron d’Orange Stéphane Richard a beau se dire “révolté” par le discours de Xavier Niel, évoquant un “show indigne qui a noyé les Français dans une désinformation”, aucune action contre Free ne serait “à l’ordre du jour”, assure le service presse d’Orange. Et de couper court : “il ne faut pas dresser de parallèles entre les deux affaires.”

Certes peu amène avec ses concurrents, Xavier Niel n’en a pas moins épargné Stéphane Richard en le remerciant au terme de son show de lancement. Il déclarait dans le même temps que seuls sa marque et Orange étaient “légitimes” sur le marché mobile : “Parce qu’Orange est rassurant pour mes parents, pour des gens comme cela. Orange est la marque historique, c’est France Télécom, c’est rassurant, nous, on représente à côté l’innovation.”

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Les jeux vidéo profilent leurs utilisateurs http://owni.fr/2011/12/28/les-jeux-videos-profilent-leurs-joueurs/ http://owni.fr/2011/12/28/les-jeux-videos-profilent-leurs-joueurs/#comments Wed, 28 Dec 2011 14:20:45 +0000 Benoit Le Corre http://owni.fr/?p=91704 Le salon Game Connection Europe, organisé du 6 au 8 décembre derniers à Paris, réservait une étonnante surprise aux visiteurs attentifs. Les fabricants de jeux vidéo demandent à leurs équipes de développer une nouvelle fonction : le profilage des joueurs. Stéphane Natkin, membre du Conseil national des arts et métiers, aussi directeur de l’école de jeux vidéo ENJMIN, lui attribuait alors trois compétences :

Les profileurs seraient capables d’analyser des données chiffrées en grand nombre, de comprendre la psychologie d’un joueur selon sa manière de jouer et d’avoir des compétences en développement.

De stand en stand, éditeurs et développeurs partageaient leur propre vision du profilage. En les écoutant, il apparaît que ce métier n’existait pas encore. Personne n’assume “seule” ces trois compétences au sein d’une même entreprise, à la connaissance de Stephane Natkin. Il s’agit encore d’un travail d’équipe.

Des jeux truffés de mouchards

Même sans être fructueuse, la recherche de profileurs permet de découvrir que les concepteurs de jeux sur mobile et réseaux sociaux accumulent des données sur leurs joueurs. Ils sont au courant de leurs moindres faits et gestes, comme témoigne Thomas Nicolet du studio Bulkypix :

Imaginez que vous soyez bloqué(e) au niveau sept. Vous en avez marre et vous quittez le jeu. Ils savent désormais que vous n’avez pas réussi à finir la partie, quelles ont été vos dernières actions avant de sortir du programme.

Pour cela, ils utilisent des sortes de balises, aussi appelées tokens, à l’intérieur même de leurs produits. Celles-ci fonctionnent comme des interrupteurs. Dès que le joueur interagit avec, en cliquant dessus ou en y posant un doigt lors d’une partie, la balise s’active. L’information est renvoyée aux concepteurs. En fonction de leur place attribuée lors de la programmation, les balises peuvent retracer une partie entière.

Selon Thomas Nicolet, les données sont récoltées dans l’intérêt du joueur :

Si d’autres personnes sont dans le même cas que vous, les développeurs peuvent décider de modifier le niveau sept en conséquence. En l’occurrence, faciliter la progression.

Ces données sont surtout un nouvel atout pour les éditeurs. Par exemple, si un jeu dispose d’une plateforme d’achats peu fréquentée par les joueurs, le concepteur peut la déplacer afin d’en améliorer la visibilité. Il lui faudra ensuite mettre à jour son produit ou sortir une nouvelle version.

Gilles Bellefontaine, fondateur et PDG d’une maison d’édition française spécialisée dans les jeux sur smartphone, Chugulu, a eu recours à cette pratique. Dernièrement, ses équipes ont développé Blind test, un jeu disponible sur mobile et Internet consistant à trouver l’interprète d’une chanson. En analysant les informations renvoyées par les balises, il a découvert une information surprenante. Les joueurs s’attardent davantage sur le mode “solitaire” du jeu alors que le développement privilégiait l’expérience multi-joueurs.

Les chiffres nous ont appris que 60 % des personnes jouaient en solo, alors qu’on en prévoyait pas plus de 40 %. On a tiré une vérité de ces statistiques, qui va être appliquée dans la prochaine version du jeu. On va pousser l’expérience multi-joueurs en intégrant une expérience sociale.

Emmanuel Guardiola rédige une thèse à Paris 8, en partenariat avec le CNAM, sur le profil psychologique des joueurs. Dans le cadre de ses recherches, il a été témoin de l’utilisation de ces outils.

Autrefois, les jeux c’était plus simple. On le produisait, on le mettait dans un bac, on l’achetait, ou pas. Maintenant, le développement se fait aussi une fois le jeu lancé. Ainsi, dès que le joueur fait un type d’action, on traque son comportement. Vous décidez de vous rendre chez un autre joueur sur un jeu Facebook ? Votre action est traquée !

Nouveau pain béni des éditeurs

Des pratiques totalement assumées par les développeurs, à l’image de Gilles Bellefontaine avouant devant OWNI faire “du pur tracking”. Force est de constater qu’il n’est pas le seul en France. De plus en plus de studios français franchissent le pas.

Le studio Humano Games a récemment sorti un jeu intitulé Happy Life, une sorte de Sims social. Le jeu, développé à 25 %, est déjà accessible sur Facebook. Pour l’instant, le seul retour sur expérience s’opère via les forums ou l’espace de commentaires. Stéphane Buthaud, à l’origine du projet, n’exclut pas d’y planter des balises :

On pourra connaître le temps d’une partie, puis de la deuxième, de la troisième. Comprendre afin d’y aller progressivement.

Aujourd’hui, pour satisfaire cette nouvelle demande, de jeunes sociétés ont décidé d’en faire leurs fonds de commerce. Chugulu a eu recours à une start-up américaine, Flurry, qui met “des outils analytiques” à disposition des développeurs. Charge à ces derniers de les placer aux endroits stratégiques : à la fin d’un niveau, à l’entrée d’une boutique en ligne, ou sur certains boutons interactifs. Il s’agit de ne pas placer des balises inutilement, afin d’éviter d’avoir une masse d’informations trop importante à analyser. Une centaine de balises peuvent ainsi être installées à l’intérieur d’un seul produit. Lesquelles envoient des milliers d’informations aux sociétés prestataires.

La France dispose des siennes, à l’image de Capptain, service de l’entreprise Ubikod. Contactée à plusieurs reprises par OWNI, elle n’a souhaité ni “montrer” ni “communiquer” sur ses activités. Laissant planer le flou autour des outils / méthodes qu’elle utilise et des clients qu’elle satisfait.

Décliner son identité

Sur Facebook et autres réseaux sociaux, en plus de pouvoir “tracker” votre comportement en jeu, les éditeurs ont accès aux données personnelles. En acceptant les conditions d’utilisation lors de l’installation d’un jeu, l’internaute s’engage à fournir au concepteur “son nom, sa photo de profil, ses réseaux, son identifiant, sa liste d’amis” et toutes autres “informations rendues publiques”. Un développeur de Chugulu lâche :

On peut avoir tout ce qu’on veut tant qu’on demande l’autorisation à Facebook.

Le champ des ouvertures devient immense. En vue d’affiner leurs analyses, les développeurs pourraient alors combiner l’identité virtuelle d’un internaute et son expérience de jeu. Au bout, ils seraient en mesure de dresser le profil psychologique du joueur, en échos à la définition chère à Stéphane Natkin : “comprendre la psychologie d’un joueur”.


Illustrations via FlickR [cc-by] KitKatherine,[cc-bync] tarale [cc-by] Vacacion

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Dans le secret de MegaUpload http://owni.fr/2011/12/14/secret-megaupload-streaming-kim-schmitz-david-robb/ http://owni.fr/2011/12/14/secret-megaupload-streaming-kim-schmitz-david-robb/#comments Wed, 14 Dec 2011 12:09:11 +0000 Benoit Le Corre http://owni.fr/?p=89004 English version

La plateforme d’échange de fichiers MegaUpload sort de son long mutisme, alors que depuis le mois d’octobre le Congrès américain planche sur le projet de loi Stop Internet Piracy Act (SOPA), permettant de bloquer ce type de sites. En France, un collectif de syndicats français de l’audiovisuel cherche à imposer des dispositifs comparables. En guise de contre-attaque, vendredi dernier, la plateforme de streaming et de téléchargement direct diffusait une vidéo intitulée The Mega Song où P.Diddy, Will.i.am, Alicia Keys, Snoop Dog et d’autres pontes de la scène musicale américaine sous contrat avec des majors chantent les louanges de MegaUpload.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

4% du net

Sur MegaUpload, chaque internaute ayant créé un compte peut y stocker un fichier et autoriser son téléchargement à n’importe qui. Au fil du temps, il s’est imposé comme un lieu de consommation audiovisuelle sur le net ainsi qu’un repère pour les fichiers pirates. D’après sa vidéo promotionnelle, il rassemblerait quotidiennement 50 millions de personnes et représenterait, à lui seul, 4% du net. En France, la diabolisation du Peer-to-Peer par Hadopi 2 se serait traduite par une migration des internautes vers des plateformes de streaming comme MegaUpload. C’est aujourd’hui le 22ème site le plus visité chaque jour par les Français.

La vidéo ci-dessus est signe de changements. MegaUpload abandonne la posture défensive qu’il adopte habituellement face aux ayants-droit et passe à l’attaque. L’entreprise vient aussi de porter plainte contre Universal music group (UMG). Le motif : UMG a bloqué l’accès à The Mega Song sur Youtube quelques instants après sa diffusion. Autre signe avant-coureur de changement : MegaUpload ouvre les vannes de sa communication. En l’espace d’un week-end, deux haut-gradés ont témoigné sur le site Torrent Freak pour dénoncer UMG. Inédit.

Après avoir tenté à plusieurs reprises de joindre les responsables de MegaUpload, nous nous sommes entretenus avec l’un de ses représentants, un certain David, qui n’a pas souhaité nous communiquer son véritable nom. Selon lui, MegaUpload serait un site parmi toutes les activités du MegaWorld. Ce dernier regroupe treize portails développés et deux en développement. Tous portent le préfixe Mega.

Ce “Global Business”, comme il le qualifie, permet une forte rentabilité grâce à sa régie publicitaire MegaClick et à son système de paiement MegaPay. Les annonceurs et les abonnés payants, prêts à mettre la main au portefeuille pour accélérer la vitesse de leur téléchargement sur les sites MegaUpload et MegaVideo, constitueraient la principale source de revenu du MegaWorld. Qu’elle compte accroître avec ses prochains services MegaKey et MegaMovies. Lesquels permettront aux internautes de visionner des films de manière légale en remplaçant leur publicité habituelle par des annonces provenant de MegaClick.

Vue sur le quartier de Won ChaÏ à Hong-Kong

Mais le tableau peint par ce David s’avère incomplet. Le MegaWorld n’est pas le centre névralgique des sites, il s’apparente davantage à une marque. En réalité, la gestion de la majorité des sites Mega s’opère via la société MegaUpload Limited, située dans le quartier d’affaires Won Chaï à Hong Kong. Créée en 2005, l’implantation dans cette ancienne colonie anglaise n’est pas anodine. Hong Kong dispose d’une réglementation très souple envers les sociétés étrangères : exonération d’impôts sur les sociétés et les revenus, peu de taxes.

L’analyse WHOIS des quinze noms de domaine annoncés sur MegaWorld.com montre que trois autres sociétés cohabitent dans les locaux de MegaUpload Limited, à Hong Kong : MegaVideo Limited, MegaMedia Limited et MegaRotic Limited. Ces sociétés composeraient donc, à elles quatre, la face administrative du MegaWorld. Le conditionnel est de rigueur !

Car de son côté, le registre des sociétés de Hong-Kong indique que le fondateur de ces quatre entreprises, Kim Tim Jim Vestor, a enregistré trois autres sociétés, en plus, dans le quartier de Won Chaï : Vestor Limited, N1 Limited et Mega PixLimited. Interrogé à ce sujet, le porte-parole n’a pas été en mesure de dire si elles appartenaient ou non au MegaWorld. Il n’a pas non plus été en mesure de nous mettre en contact avec ce mystérieux Kim Tim Jim Vestor. Kim Schmitz, de son véritable nom.

Kim ou Tim ou Jim ou ?

L’an passé, des journalistes néo-zélandais d’Investigate Magazine ont enquêté sur l’identité de l’homme. Kim Schmitz est un ancien pirate informatique allemand qui traîne derrière lui un lourd passé. Il s’est illustré en pénétrant les systèmes informatiques les plus protégés, comme celui de la NASA, et s’est enrichi grâce à des transactions frauduleuses. Au début des années 2000, Kim Schmitz s’est reconverti au streaming sur Internet. C’est lui qui aurait créé MegaUpload Limited en 2005 grâce à un passeport finlandais, le présentant comme Kim Tim Jim Vestor. Utilisant alternativement son passeport allemand (où il est identifié en tant que Kim Schmitz) et son passeport finlandais, il a créé plusieurs sociétés en Asie, à l’image des Mega, Kimpire, Kimvestor, avant de prendre une retraite géographique, fin 2010, en Nouvelle-Zélande. Toutes sont à retrouver sur les registres des sociétés hong-kongaises.

Las de vivre avec sa famille à Hong-Kong, Kim Schmitz aurait acquis la plus chère maison de Nouvelle-Zélande, près d’Auckland. Lors d’une interview accordée au quotidien national New Zealand Herald, Kim Schmitz révèle qu’il a changé son nom pour Kim Dotcom (PointCom en français). Il assure faire partie des dix personnes les plus riches de Nouvelle-Zélande, tout en refusant d’expliquer comment il a obtenu cette fortune. Comme pour conforter ses dires, il finance peu de temps après le plus coûteux feu d’artifice qu’a connu Auckland. Il distribue aussi des fonds pour les victimes du tremblement de terre de Canterbury.

Vue sur Auckland

Pour autant, le bienfaiteur ne l’emporte pas sur l’entrepreneur. Sur le registre des sociétés néo zélandais, deux entreprises apparaissent au nom “Kim Dotcom” : MegaStuff et MegaCar. Ex-Kim Schmitz les a créées en 2010 et 2011 avant de céder sa place de directeur et d’en devenir l’actionnaire majoritaire. Tous les fonds investis proviennent, sans surprise, du quartier de Won Chaï à Hong-Kong.

Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?

Au regard de ces éléments, Kim Schmitz tient encore les rênes du MegaWorld. Même si le groupe prétend avoir pour président un homme appelé David Robb. Lui aussi inconnu aux bataillons du streaming et du téléchargement direct. L’auteur du blog Torrent Freak, spécialisé sur le sujet, l’a interviewé mais nous a précisé :

Je ne le connaissais pas avant ce week-end.

Dans une procédure américaine qui s’est achevée cet été, la justice voyait en Kim Schmitz le véritable patron de la plateforme. La société d’édition érotique Perfect 10 avait porté plainte contre MegaUpload pour atteinte au droit d’auteur. Or, sur les documents du tribunal, la personne représentant la défense s’appelle “Kim Schultz” (la juge californienne ayant mal orthographié son nom de famille). OWNI a contacté Norman Z. de Perfect 10, au sujet de sa plainte. Selon lui : “Kim Schmitz adore Perfect 10 et voudrait faire affaire avec nous”.


Photos de Hong-Kong par Stuck In Customs [cc-byncsa] via Flickr ; Photo d’Auckland par Sandy Austin [cc-bync] via Flickr ; Capture d’écran du site Megaworld

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Les espions s’ouvrent au public http://owni.fr/2011/11/10/les-espions-sources-ouvertes-public/ http://owni.fr/2011/11/10/les-espions-sources-ouvertes-public/#comments Thu, 10 Nov 2011 11:16:52 +0000 Benoit Le Corre http://owni.fr/?p=86397 Au début du mois et pour la première fois de son histoire, la CIA a ouvert les portes de son centre dédié à l’étude des sources ouvertes, localisé en Virginie. Seule invitée, la journaliste d’Associated Press, Kimberly Dozier. Elle a ainsi pu décrire [en] le fonctionnement de l’Open Source Center (OSC)[en], et de ses activités depuis 2005 consistant à analyser en profondeur “les sources ouvertes”.

Cette formule renvoie à une pratique commune à la plupart des agences de renseignement, dont la DGSE en France. La collecte et l’analyse des informations issues de sources dites ouvertes, accessibles au public, reposant tout de même sur des agrégateurs de bases de données financières et juridiques (accessible par un abonnement) un peu plus intéressants que Google (type Nexis.com, commercialisant notamment une partie des données privées des ressortissants américains).

“Ce sont des sources d’informations accessibles à tous, que l’accès soit payant (bases de données commerciales) ou non” - Définition du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R)

L’OSC américain s’affiche

Cette journée portes-ouvertes, à destination d’une unique journaliste, demeure avant tout une opération de comm’. La CIA souhaitait rassurer les citoyens américains quant à l’utilisation de leurs données personnelles par l’agence, notamment celles accessibles via les réseaux sociaux. Chose faite avec la dépêche d’AP qui se veut réconfortante : “la CIA peut suivre jusqu’à cinq millions de tweets par jour (…), Facebook, les journaux, les chaînes de TV, les radios, les chats sur Internet”, à condition qu’ils “se trouvent à l’extérieur du territoire américain”.

Ainsi, tout post publié sur un réseau social en dehors des États-Unis peut-être lu par la CIA. Selon Doug Naquin, directeur de l’Open Source Center cité par Kimberly Dozier, il en va de même pour tous les médias étrangers. Qu’importe la langue, l’OSC serait capable d’analyser la totalité des sources ouvertes. Les acteurs d’un tel exploit aiment s’appeler les “bibliothécaires vengeurs”. Doug Naquin les décrit comme l’“héroïne de ‘la Fille avec le tatouage de dragon’ [NDLR de Stieg Larsson] : une excentrique pirate informatique, irrévérencieuse, qui sait trouver des choses que les autres ne trouveront pas». Ils utilisent des logiciels développés par des sociétés externes et adaptés aux besoins de la CIA. Collecte, filtrage, traduction… un nombre monumental d’infos seraient analysées selon des critères pré-définis.

Dans la dépêche d’AP[en], l’Open Source Center se vante d’avoir prévu les révolutions du printemps arabe et pris le pouls de l’opinion mondiale à l’annonce de la mort de Ben Laden.

Cette vision enchanteresse de la toute puissance de l’OSC trouve un opposant en Robert David Steele Vivas. Ancien agent des Marines, il est un éternel militant de l”Open Source Intelligence” depuis les années 1980. Il estimait alors qu’un service de renseignement était inutile s’il ne reposait pas sur un socle solide d’informations issues des médias traditionnels. Pour faire simple, comprendre un secret implique qu’on connaisse son contexte.

Fin du XXè, le discours de ce libre penseur s’est vu légitimé par l’arrivée d’Internet et la démultiplication des données sur le web. OWNI a contacté Robert David Steele Vivas pour le confronter à l’existence de l’Open Source Center. On imaginait grossièrement que cette cellule représentait, en soi, une finalité de ses travaux d’étude sur les sources ouvertes. Erreur ! Robert Steele ne mâche pas ses mots pour dénoncer l’OSC, surtout, son directeur Doug Naquin qu’il a essayé de virer dès 2005[en].

L’Open Source Center est une cellule un peu bâtarde, déclassée, mal dirigée et sous financée (…) Doug Naquin n’est pas capable de faire des analyses, de gérer une multinationale et de partager des informations (…) en un mot il est incompétent

Cet extrait d’article, disponible sur ce site[en], trouve écho dans les correspondances que nous nous sommes adressées. Robert Steele ne cesse de dénoncer la médiocrité de l’Open Source Center. Selon lui, la cellule aurait toujours un train de retard, et ce malgré le nombre conséquent d’outils et de cerveaux mis à sa disposition. Pour preuve : d’après la dépêche d’AP, l’OSC aurait compris l’enjeu que représentent les enjeux sociaux lors de la Révolution Verte en Iran… en 2009. Soupesons cette information : il est difficile d’admettre que la plus grande agence de renseignement au monde ait attendu que Facebook atteigne 200 millions d’utilisateurs pour s’intéresser aux réseaux sociaux.

Autre faute professionnelle relevée par Robert David Steele Vivas : l’OSC ne partagerait ses informations qu’avec une dizaine de pays, qu’il devine être l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni, la Nouvelle Zélande, le Pays-Bas, la Norvège, la Suède, le Danemark, la Finlande et Singapour. La France ne figure pas parmi ces invités d’honneur.

Une DGSE plus discrète

L’Hexagone possède pourtant son propre système de renseignement via les sources ouvertes. Celui-ci n’est pas une cellule autonome, comme c’est le cas de l’OSC aux USA, mais un service parmi tant d’autres intégré à la DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure).

Il y a bien un secteur des sources ouvertes, ayant pour mission de consulter, d’analyser tout ce qui est disponible dans les médias ou sur les réseaux sociaux.
Nicolas Wuest Famose, chargé de communication à la DGSE

Ce travail, presque bibliothécaire, serait préalable à toute activité de renseignement. “Il ne s’agit pas d’une lecture offensive, mais d’une lecture passive”, rabâche le chargé de comm’. Comprendre là qu’il n’est pas affaire d’espionnage. Mieux encore, Nicolas Wuest Famose explique qu’il ne faut pas considérer le renseignement via les sources ouvertes comme… du renseignement : “Aux États-Unis on appelle ça l’Intelligence des sources ouvertes”.

On doute pourtant de la légalité à temps plein du renseignement via les sources ouvertes, pour deux raisons majeures :

  • les nouvelles recrues maîtriseraient le piratage informatique et seraient rompues aux différents modes de télécommunication (à l’instar des Américains et leur modèle de la “Fille au tatouage de dragon”)
  • les outils seraient assez performants pour sonder la globalité des médias et Internet

Interrogé à ce sujet, Nicolas Wuest Famose a souligné (après maintes demandes) que la DGSE pouvait accéder à toutes informations issues du web invisible (c-a-d qui n’est pas indexé par les moteurs de recherche du type Google). Ils utilisent pour cela des logiciels développés par d’autres sociétés et adaptés à leurs besoins, comme l’OSC. Malheureusement, impossible d’en savoir plus sur ces entreprises partenaires.

OWNI : “Comme l’Open Source Center, vous organiseriez peut-être une visite pour l’un de nos journaliste aux sources ouvertes de la DGSE ?”
Nicolas Wuest Famose : “(rires) Ce n’est pas prévu pour le moment!”

A croire que l’identité de ces personnes qui ne font pas du renseignement demeure aussi secrète que celle des espions.


Photos et illustrations via flickr par Fish Gravy [cc-by] et Tsevis [cc-by-nc-nd]

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http://owni.fr/2011/11/10/les-espions-sources-ouvertes-public/feed/ 10
Yahoo et Gmail lisent vos mails http://owni.fr/2011/10/25/yahoo-et-gmail-lisent-vos-mails/ http://owni.fr/2011/10/25/yahoo-et-gmail-lisent-vos-mails/#comments Tue, 25 Oct 2011 07:45:15 +0000 Benoit Le Corre http://owni.fr/?p=84345 Le 13 octobre, Yahoo! a lancé un site pour vanter la popularité de sa messagerie avec une carte interactive baptisée Visualizing Yahoo!. Celle-ci propose notamment de visualiser en temps réel les mots les plus employés par ses utilisateurs, en analysant le contenu de leurs mails. Pour cette opération marketing, Yahoo! promet qu’elle lit uniquement la ligne de l’objet du message. N’empêche, à cette occasion, on découvre que Yahoo! peut lire l’intégralité de vos mails.

Interrogé à ce sujet, Yahoo! désapprouve le verbe “lire” mais reconnaît l’existence de cette pratique. Pierre Landy, responsable juridique de Yahoo! Europe évoque plutôt “des systèmes automatiques”, autrement dit des programmes qui “scannent et analysent l’ensemble des messages envoyés et reçus d’un compte utilisateur”. Pièce jointe, objet, corps du texte, tout y passe. Aucune intervention humaine n’est a priori requise. Comprendre que l’analyse n’est pas effectuée par des être humains mais des robots. Méconnu, ce processus est pourtant présent dans de nombreuses messageries gratuites.

Gmail aussi aime lire

Gmail, l’autre géant américain des correspondances numériques fonctionne de la même manière. La totalité du contenu des messages de ses utilisateurs est automatiquement scanné et analysé, en vue de générer des “mots clés”. Les trois dernières lignes de la partie “Publicité et confidentialité” des Conditions générales d’utilisation :

Google analyse le texte des messages Gmail afin de filtrer les spams et détecter les virus. Le système de filtrage Gmail permet également d’analyser les mots clés contenus dans les e-mails afin de cibler l’audience des annonces diffusées.

Yahoo! et Google revendiquent la légitimité de leur procédé. Pierre Landy de Yahoo! Europe explique :

Cela permet de bloquer près de 550 milliards de spams atterrissant dans les boîtes mails de nos utilisateurs chaque mois dans le monde, soit aux alentours de 1800 mails par utilisateur.

Et si, en même temps, cette analyse permet d’identifier les centres d’intérêts des utilisateurs, c’est pour “améliorer la pertinence des annonces” et leur proposer une publicité adaptée à leurs besoins. Autrement appelée de la publicité contextualisée.

Quant à la légalité de cette pratique, une piste de réponse semblait être apportée par l’application “Visualizing Yahoo!”. L’onglet “What am I seeing?”, en dessous du fil des mots clés, apprend que les données n’ont pas été utilisées en Italie, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Espagne et en France.

Une violation potentielle d’un droit fondamental

La liste des cinq pays internes à l’UE laissait présager que le droit européen constituait un rempart aux analyses des contenus des mails. Ou au moins à leur diffusion. Une version confortée par le Contrôleur européen de la protection des données. Contacté par OWNI, il estime que “le système de scan implique une potentielle violation de la confidentialité des correspondances”. Donc une violation d’un droit fondamental de la Charte européenne des droits de l’Homme.

De son côté, Pierre Landy de Yahoo! Europe assure que la collecte des données est légale :

Le projet a été initié aux États-Unis et il n’est pour le moment pas prévu de le déployer localement dans d’autres pays (…) Ceci explique que les données relatives à la France, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni, si elles sont effectivement collectées n’y sont pas présentées.

Une directive adoptée en 2002 par le Parlement européen n’interdit effectivement pas l’analyse des contenus mais oblige les sociétés à informer l’utilisateur sur cette pratique. Elle vient appuyer la directive 95/46/CE qui est un texte de référence en matière de protection des données personnelles. De fait, l’internaute devrait avoir la possibilité de refuser ce service. Un autre groupe de travail européen, constitué en 2006, a légitimé le scan – appelé “filtrage” dans le texte de loi – au vu des spams massifs.

Pour vulgariser à l’extrême, ce type d’analyse n’est pas inquiété par la justice européenne puisqu’il

  • a été jugé nécessaire,
  • est robotisé,
  • accepté par l’utilisateur lors de son inscription.

Au niveau du droit français, la loi du 6 janvier 1978 pose la même base. Selon Cédric Manara, spécialiste du droit sur Internet et professeur à l’EDHEC:

cette loi dit que si l’on collecte des informations, il faut que l’utilisateur soit informé, qu’il accepte le principe et qu’il soit informé des conditions dans lesquelles les données seront utilisées.

D’où l’importance du bouton “J’accepte” lors de la création d’un compte Yahoo! Mail ou Gmail.
A défaut de désactiver le scan qui sera toujours effectif, il est possible de désactiver les publicités contextualisées.

* Pour pénétrer la “mémoire cachée ” de Facebook, RDV ici : http://www.ecrans.fr/Facebook-la-memoire-cachee,13424.html


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